Vous avez probablement déjà entendu l’expression anglaise suivante : « Culture eats strategy for breakfast. » (ou « La culture ne fait qu’une bouchée de la stratégie. »)
Ce n’est pas pour rien qu’elle tient la route. C’est parce qu’en fait, dans le monde réel, aucune politique, aucune initiative ni aucun plan quinquennal n’a de chance de réussir sans une culture pour le soutenir.
Et la culture d’organisation ne se définit pas par les mots que nous affichons.
Elle se façonne par les propos que nous tenons.
Et plus encore, par ce que nous taisons.
Le fossé culturel réside dans le silence
Quand il s’agit de santé mentale au travail, le silence n’est pas neutre.
Il envoie un message. Et ce message se répercute sur vos équipes, vos décisions et vos résultats.
Nous évitons de dire :
- « Vous n’avez pas l’air dans votre assiette. Vous voulez qu’on en parle? »
- « Ça va? Vraiment? »
- « Est-ce que vous vous sentez en sécurité ici pour en parler? »
Nous nous réfugions plutôt en territoire sûr :
- « Dites-le-moi si vous avez besoin de quoi que ce soit. »
- « On a tous nos mauvais jours. »
- « Prévenez les RH s’il y a un problème. »
Ces phrases semblent offrir un soutien. Mais ce qu’elles font, en fait, c’est d’esquiver les réalités les plus dures—et retarder le soutien quand le besoin s’en fait le plus sentir.
La santé mentale est une question de culture
Nous avons tendance à considérer la santé mentale comme une question individuelle.
Mais il s’agit d’une question de système. Une question d’équipe. Une question de culture.
Les signes qui nous échappent…
Les suppositions que nous faisons…
Les conversations que nous évitons…
…n’ont pas seulement des répercussions sur les individus. Elles façonnent le climat dans lequel tout le monde travaille.
Une culture où personne ne sait quoi dire est une culture où les gens se démènent en silence.
Et le silence a un coût.
La stigmatisation se développe en silence.
Ses racines? L’absentéisme. Le présentéisme. Le roulement de personnel.
Ses mauvaises herbes? Le désengagement. Les signaux manqués. La perte de confiance.
Les conversations créent la culture
Imaginez plutôt ceci :
Un·e collègue remarque que quelqu’un a des difficultés et sait ce qu’il faut dire.
Un·e gestionnaire voit au-delà des changements de rendement et offre son soutien dès le début.
Un·e employé·e fait part de ses préoccupations sans craindre de réactions négatives ou d’être qualifié·e de « difficile ».
Ces moments ne sont pas le fruit du hasard.
Ils se produisent parce que la formation appropriée a rejoint une culture qui était bien préparée.
Si la culture est au cœur de la scène, la formation adéquate joue le rôle des instruments.
Elle donne aux gens les outils pour nourrir cette culture — la nourrir, la faire évoluer, la protéger.
De la sensibilisation à l’action
Des programmes tels que Premiers soins en santé mentale (PSSM) permettent aux gens de reconnaître les signes d’un problème et d’offrir une aide réelle et pratique, sans qu’il soit nécessaire d’être clinicien·ne.
L’Esprit au travail aide les équipes à comprendre le stress, à développer la résilience et à lutter contre la stigmatisation qui porte les gens à garder le silence.
Le programme Santé et sécurité psychologiques offre aux organisations la structure nécessaire pour intégrer la confiance, la clarté et l’expression dans les activités quotidiennes.
Ils ne se contentent pas d’enseigner des aptitudes.
Ils produisent des effets en cascade — d’une conversation à une équipe, puis à la culture dans son ensemble.
Qu’allez-vous faire?
La santé mentale ne peut être abordée par la seule voie de la stratégie.
La culture doit être de la partie.
Et la culture se construit — une véritable conversation, humaine, et parfois inconfortable, à la fois.
Ce que nous évitons en dit autant sur notre culture que ce que nous abordons.
Alors, posez-vous la question : Quelles sont les conversations que vous évitez? Et qu’est-ce qui pourrait changer si vous ne le faisiez pas?
Car la stigmatisation se développe en silence.
Mais le changement, lui?
Il se développe lorsque nous parlons.