Former vos gens, c’est comme apprendre aux poissons à mieux nager, mais qu’en est-il de l’aquarium dans lequel ils nagent? Ce qui suit aborde la façon dont les grandes stratégies de santé mentale créent un équilibre entre la formation des employé·e·s et la création de l’environnement idéal pour s’épanouir.
On nous pose souvent la question suivante : « Dans la pratique, à quoi ressemble réellement une stratégie de santé mentale? »
C’est une excellente question à laquelle il n’y a pas qu’une seule réponse. Chaque organisation est différente et l’approche peut varier quant à son ampleur, son rythme et de point d’entrée. Mais il existe un trait commun : un impact réel vient de la recherche du juste équilibre.
En effet, des programmes comme Premiers soins en santé mentale (PSSM) et L’Esprit de travail (EAT) sont fondamentaux. Ils aident les personnes à se sensibiliser, à réduire la stigmatisation et à se soutenir réciproquement.
Or, il ne s’agit là que d’un élément parmi d’autres.
L’objectif n’est pas seulement de former les gens, il faut également créer le genre d’environnement où ils peuvent vraiment s’épanouir. Cela signifie former les gens et changer les systèmes. Parce qu’une stratégie solide en santé mentale comporte les deux éléments suivants :
- Une formation qui permet aux employé·e·s de se soutenir réciproquement et de créer des interactions saines;
- Des formations qui jettent les bases de l’intégration des principes de santé et sécurité psychologiques (SSP) dans l’ensemble de l’organisation;
C’est ça l’équilibre. Et cela commence par une question simple :
Qu’en est-il de l’eau?
Voici Henri.
Henri est un bon poisson.
Il fait de son mieux; il nage avec force, est présent, soutient ses collègues poissons quand leur journée est houleuse.
Henri a été formé par le PSSM pour reconnaître quand une personne éprouve des difficultés et entamer une conversation bienveillante avec elle et la guider vers de l’aide.
Grâce à EAT, il a appris à gérer son propre stress, à reconnaître les signes d’épuisement professionnel et à renforcer la résilience de son équipe.
Mais il y a quand même quelque chose qui cloche.
L’eau est trouble.
Le filtre ne cesse de se boucher.
La température oscille de façon imprévisible.
Henri a toutes les bonnes aptitudes, mais il nage toujours dans le même aquarium malsain que tout le monde.
À un certain moment, Henri n’est pas le seul en cause.
Il faut alors se tourner vers l’aquarium.
La santé mentale ne se limite pas à la personne
De nombreuses organisations commencent leur parcours en santé mentale par une formation individuelle, et c’est un excellent point de départ. PSSM et EAT peuvent changer la façon dont les gens se voient eux-mêmes et voient les autres. Ils renforcent leur sentiment de confiance, réduisent la stigmatisation et créent un espace pour entretenir des conversations honnêtes.
Mais pour créer un milieu de travail vraiment favorable, nous devons penser plus grand. Nous devons nous demander non seulement « Comment vont les gens? », mais aussi « Dans quel environnement évoluent-ils? »
C’est ici que les systèmes entrent en jeu.
Parce que même le mieux formé de tous les Henri a ses limites si l’aquarium n’est pas sécuritaire.
La formation de Henri : PSSM et EAT
Premiers soins en santé mentale (PSSM)
Enseigne aux gens comment :
- Reconnaître les défis en matière de santé mentale et ceux qui sont liés à l’usage de substances
- Intervenir de façon attentive, sécuritaire et en offrant un soutien
- Orienter les autres vers des ressources
Cela s’apparente à la RCR pour la santé mentale, c.-à-d. donner à des gens ordinaires les outils pour intervenir tôt, sans qu’iels aient besoin d’être des professionnel·le·s.
L’Esprit au travail (EAT)
Aide les personnes et les équipes à :
- Comprendre leur propre stress et leur propre santé mentale
- Communiquer plus ouvertement et plus efficacement
- Accroître leur résilience personnelle et collective
EAT aide les équipes à parler de « l’eau » avec un langage connu de tous·tes et leur donne des outils pour prendre soin d’elles-mêmes et des autres.
Jumelés, ces programmes créent une base solide et fondée sur des données probantes pour la santé mentale en milieu de travail.
Mais pour construire quelque chose de durable, nous devons aller en profondeur.
Nettoyage de l’aquarium : santé et sécurité psychologiques (SSP)
C’est à ce moment-ci qu’intervient la santé et sécurité psychologiques (SSP).
La SSP ne se préoccupe pas du comportement de chaque personne, mais plutôt des systèmes, des structures et de la culture qui façonnent l’expérience quotidienne de chacun·e au travail.
Elle aide les entreprises à :
- Examiner comment le travail est conçu et géré
- Déterminer et réduire les risques pour le bien-être psychologique de chacun·e
- S’aligner sur la Norme nationale du Canada sur la santé et la sécurité psychologiques en milieu de travail
- Créer des environnements de travail plus sains et plus durables au fil du temps
Parce que, si les charges de travail sont ingérables, que le leadership est incohérent ou que les employé·e·s ne se sentent pas en sécurité, aucun degré de résilience individuelle ne réussira à corriger cela.
Il s’agit de créer les bonnes conditions pour que l’eau reste propre.
C’est un système
Ces programmes sont plus efficaces lorsqu’ils fonctionnent ensemble :
Programme | Accent | Rôle |
PSSM | Des gens qui aident des gens | Renforcer le soutien et la confiance des pairs |
EAT | Sensibilisation individuelle et d’équipe | Renforcer la communication et la culture |
SSP | Systèmes organisationnels | Intègrer un changement durable de haut en bas |
Il ne s’agit pas d’en choisir un seul, mais plutôt de les superposer pour obtenir une approche stratégique complète qui soutient les gens et façonne l’environnement. Vous pouvez commencer par un programme et évoluer en fonction de vos besoins organisationnels.
C’est ainsi que vous créez un milieu de travail où la santé mentale n’est pas une initiative complémentaire, mais fait bel et bien partie de la façon dont les choses sont faites.
Alors… Qu’en est-il de votre propre aquarium?
La santé mentale au travail ne se limite pas à voir comment les gens s’en sortent.
C’est de savoir avec quoi les gens doivent composer.
Alors, oui, entraînez vos Henri. Aidez les gens à se sensibiliser, à accroître leurs aptitudes et leur estime d’eux-mêmes, mais ne vous arrêtez pas là.
Examinez l’eau.
La culture. Les systèmes. Les attentes.
Parce que lorsque vous prenez soin de l’aquarium, tous les poissons nagent mieux.