Rendons hommage à une animatrice extraordinaire, une voix qui défend avec conviction l’expérience vécue et une approche de l’apprentissage centrée sur l’être humain.
Si vous avez déjà assisté à l’un des cours de Paula Corcoran, vous vous souvenez d’elle. Non pas parce qu’elle submerge son auditoire—Paula n’a pas besoin de faire ça. Vous vous souvenez d’elle parce qu’elle se présente telle qu’elle est. Honnête. Ouverte. Entièrement humaine. Et ce faisant, elle vous permet d’en faire autant.
Paula est animatrice au sein de l’équipe de Changer les mentalités depuis plus de 12 ans. Elle enseigne les Premiers soins en santé mentale (PSSM) et L’Esprit au travail (EAT), ce qui permet de former de nouveaux·elles animateur·rice·s, et elle se prépare en ce moment à animer des séances sur la Santé et sécurité psychologiques (SSP)—une nouvelle étape naturelle pour quelqu’un qui a transformé la douleur en objectif. Mais pour comprendre ce qui rend l’approche de Paula si efficace, vous devez savoir pourquoi elle est ici.
De la crise à la clarté
Auparavant, Paula travaillait dans un milieu de travail qui n’était pas psychologiquement sain. Le stress ne faisait pas seulement « partie du travail »—il l’a brisée. Il s’en est suivi une période de sept ans pendant laquelle elle n’a pas pu travailler du tout. Cette période s’est transformée en un parcours de rétablissement, soutenu par des services et des soins en santé mentale qui l’ont aidée à revenir—non seulement au travail, mais aussi à la tête d’un organisme en santé mentale.
Cette expérience vécue et actuelle est au cœur de tout ce que fait Paula.
Lorsqu’elle parle de ce qui l’a poussée à faire partie de la communauté des animateur·rice·s de Changer les mentalités, elle utilise un seul mot qui veut tout dire : l’espace.
« Il n’y avait pas beaucoup d’espaces pour les gens comme moi », dit-elle.
Par « les gens comme moi », Paula entend les personnes qui ont une expérience vécue des problèmes de santé mentale. Et par espace, elle désigne un concept multidimensionnel :
Un espace où l’on a sa place.
Un espace où l’on se sent en sécurité.
Un espace sans jugement.
Ce n’est pas seulement une philosophie. C’est une pratique.
« Il s’agit de revoir la signification de la sécurité. Oui, c’est une question d’émotion—se sentir accepté·e et non jugé·e. Mais elle est aussi tangible. Par exemple, si je me foule la cheville, quelqu’un saura-t-il quoi faire? Si j’avais une crise de panique, sauriez-vous comment m’aider? Auriez-vous le courage d’intervenir? »
Elle compare ça au fait d’entrer dans un centre commercial et de savoir que s’il y avait une urgence médicale, quelqu’un interviendrait. Les Premiers soins en santé mentale, dit-elle, offrent le même type de préparation, mais pour l’esprit.
« Je n’irai pas dans un endroit où je risque d’être blessée psychologiquement, dit-elle. Mais lorsque les gens sont formés, ça crée un espace où je peux être authentique, vue et en sécurité. »
C’est ce que Paula aide les gens à comprendre : le soutien en matière de santé mentale n’est pas abstrait.
C’est une réalité. C’est pratique. Et ça change des vies.
Son approche : humaine et mémorable
Si vous avez la chance d’apprendre auprès de Paula, vous remarquerez deux choses :
Tout d’abord, elle est authentique. Paula ne « présente » pas une formation en santé mentale. Elle la vit. Son enseignement est empreint d’humilité, d’humour et de cœur. Elle rencontre les gens exactement là où ils en sont, qu’ils commencent tout juste à explorer la santé mentale ou qu’ils soient déjà bien avancés dans leur cheminement.
Deuxièmement, elle apporte des idées pratiques qui tiennent la route. Paula est passée maître dans l’art de transformer des concepts profonds en outils simples et quotidiens :
- « Remplacez le jugement par la curiosité. »
- « Apportez votre soutien, n’essayez pas de tout régler. »
- « Aidez à créer le plan de soutien. Vous n’avez pas à devenir le plan. »
Ce ne sont pas que des formules toutes faites. Il s’agit de modes de pensée qui peuvent transformer la façon dont nous nous présentons aux personnes qui nous entourent—dans nos environnements de travail, dans nos foyers et en nous-mêmes.
L’effet d’entraînement
Après plus d’une décennie, Paula constate encore des transformations dans presque toutes les classes. Mais deux histoires restent gravées dans sa mémoire.
La première était l’histoire d’un participant qui s’était présenté au cours de PSSM avec un profond chagrin et une colère non résolue après le décès par suicide de l’un de ses amis. Grâce à la formation, et en particulier aux jeux de rôle, un changement s’est opéré. Le participant a commencé à comprendre l’expérience de son ami différemment. Sa colère s’est transformée en compassion. Et cette compassion est devenue une motivation pour susciter le changement.
Un autre participant a découvert que les outils qu’il avait appris à appliquer au travail étaient tout aussi efficaces dans sa vie personnelle. La formation avait ouvert la voie à une nouvelle façon de communiquer—avec la famille, les proches et même avec soi.
« C’est une toute nouvelle façon de communiquer », ont-ils confié.
« Une toute nouvelle façon d’entrer en relation, d’entrer en contact.
Honnêtement—ça a sauvé mon mariage. »
L’importance de Paula
Au sein de Changer les mentalités, nous parlons beaucoup des répercussions—de la façon dont nos programmes réduisent la stigmatisation, renforcent la résilience et créent des milieux de travail plus sécuritaires et plus sains. Paula illustre bien ce que ça signifie dans la vraie vie.
Elle est l’une des nombreuses voix influentes de notre communauté d’animateur·rice·s—un réseau d’agent·e·s de formation qui donne vie à nos programmes à travers le pays, en faisant preuve d’empathie, d’expérience et de perspicacité. Mais le récit de Paula nous rappelle pourquoi ce travail est si important.
Car il ne s’agit pas que d’une formation.
Il s’agit de créer un espace—où règne la sécurité, l’honnêteté et le changement.
Et grâce à des animateur·rice·s comme Paula, de plus en plus de personnes s’engagent dans ces espaces avec confiance.