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Drew Sousa exerce la profession d’infirmière en santé du travail depuis plus de 25 ans. Plus récemment, elle a pris sa retraite du poste de directrice générale de l’Ontario Occupational Health Nurses Association (OOHNA). Auparavant, elle a travaillé comme directrice de l’unité de santé des employés à la Ville de Mississauga, où, pendant 17 ans, elle a dirigé une équipe chargée de la gestion des programmes d’invalidité et de mieux-être destinés au personnel de la Ville.
Les infirmier·ère·s constituent l’épine dorsale des soins de santé, prodiguant des soins et un soutien essentiels aux patient·e·s dans tous les contextes. La profession d’infirmier·ère est particulièrement exigeante, tant sur le plan physique que sur le plan émotionnel, et requiert de la résilience et de la force. Comme le souligne Drew Sousa, infirmière chevronnée et défenseure de la santé mentale, « nous nous consacrons à prendre soin des autres. Mais nous savons qu’il est également important de prendre soin de nous-mêmes. Aujourd’hui, nous en parlons davantage. Et nous commençons à agir ».
En tant que responsable de la stratégie de santé et de mieux-être de la Ville de Mississauga, Mme Sousa a acquis une compréhension approfondie des défis auxquels les organisations sont confrontées en raison de la recrudescence des problèmes de santé mentale en milieu de travail. Sa formation en soins de santé et sa vaste expérience lui permettent de tisser des liens avec les participant·e·s à ses séances de formation, ce qui rend le contenu d’autant plus pertinent et percutant.
Mme Sousa constitue une figure clé de la formation en matière de santé mentale, ayant offert des cours à plus de 1 000 individus et gestionnaires dans le cadre du programme L’Esprit au travail (EAT) et d’autres programmes connexes. Elle a également joué un rôle déterminant dans le déploiement d’efforts visant à améliorer la santé mentale au travail à l’échelle nationale, en siégeant au comité technique ayant créé la Norme nationale du Canada sur la santé et la sécurité psychologiques en milieu de travail.
Les défis uniques de la santé mentale en soins infirmiers
Les infirmier·ère·s travaillent dans des environnements à forte pression et prennent des décisions cruciales tout en composant avec de lourdes responsabilités, des horaires prolongés et des situations chargées d’émotion. La pandémie a mis en évidence l’importance de la santé mentale, et de nombreux et nombreuses membres du personnel infirmier profitent désormais de cette prise de conscience pour plaider en faveur d’un soutien permanent et d’initiatives axées sur le mieux-être en milieu de travail. « Nous apprenons que le fait d’accorder la priorité à notre propre mieux-être nous aide à fournir de meilleurs soins à ceux et celles qui comptent sur nous », souligne Mme Sousa.
Grâce à leur persévérance, la WSIB (la Commission de la sécurité professionnelle et de l’assurance contre les accidents du travail de l’Ontario) a récemment adopté une loi présomptive touchant l’état de stress post-traumatique qui reconnaît et protège les membres du personnel infirmier. En outre, bon nombre d’employeur·euse·s mettent en place des programmes de soutien en matière de santé mentale afin de mieux les outiller. En reconnaissant les facteurs de stress propres à la profession, les organisations veillent à ce que les infirmier·ère·s aient accès à une formation et à des ressources qui les aident à accroître leur résilience.
Accorder la priorité à la santé mentale
La bonne nouvelle est que le débat évolue. De plus en plus d’organismes de soins de santé reconnaissent l’importance du soutien en santé mentale chez le personnel infirmier et mettent en place des programmes tels que la formation EAT. Cette formation dote les infirmier·ère·s et les travailleur·euse·s de la santé d’outils pratiques permettant d’évaluer et de maintenir leur propre mieux-être mental.
L’un des outils les plus précieux proposés dans le cadre de l’EAT est le continuum de santé mentale qui offre aux individus un moyen simple et efficace de faire le point sur leur mieux-être. Mme Sousa nous livre ses conseils :
« Je dis aux gens d’avoir recours au continuum de trois façons : premièrement, déterminez votre seuil de base et voyez s’il vous convient. Deuxièmement, cernez votre comportement lorsque vous êtes dans le rouge et parlez-en à quelqu’un en qui vous avez confiance. Troisièmement, utilisez-le comme bilan périodique, tout comme vous le feriez pour un examen de santé physique. »
Les organismes de soins de santé ont commencé à mettre en œuvre des initiatives de santé mentale en milieu de travail. Bien que la formation exige un investissement en temps et en argent, les avantages l’emportent largement sur les risques d’absentéisme et d’épuisement professionnel. Investir dans la formation en santé mentale consolide les équipes, améliore la résilience et garantit un meilleur soutien au personnel et aux patient·e·s.
L’avenir de la santé mentale en soins infirmiers
Les membres du personnel infirmier saisissent les occasions de prendre part aux décisions qui ont des répercussions sur leur mieux-être. Ceux-ci et celles-ci prennent l’initiative de défendre la santé mentale au sein de leur environnement de travail et se soutiennent mutuellement pour créer des équipes plus solides et plus robustes. Mme Sousa les invite à « profiter de ce cadeau qui nous a été offert en guise de reconnaissance et à en faire boule de neige pour bâtir quelque chose de plus grand ».
En célébrant les organisations qui font de la santé mentale une priorité, nous pouvons continuer à favoriser une culture où les infirmier·ère·s se sentent soutenu·e·s, valorisé·e·s et habilité·e·s à s’épanouir sur le plan professionnel. Prendre soin de ceux et celles qui prennent soin de nous n’est pas facultatif, mais bel et bien essentiel.