J’ai passé des années à soutenir des amis et des collègues aux prises avec une maladie mentale. J’ai été témoin de petites victoires, de luttes silencieuses et de moments qui peuvent illuminer ou gâcher la journée d’une personne. La maladie mentale n’est pas toujours visible. Un jour, un collègue est arrivé avec une entorse au poignet. Tout le monde l’a immédiatement remarqué : on lui a posé des questions, on lui a offert de l’aide et des ajustements ont été faits. Je ne souhaite à personne de se fouler un poignet, mais à ce moment-là, j’ai ressenti une pointe d’envie, non pas pour la blessure elle-même, mais pour la facilité avec laquelle elle a été constatée et reconnue. Il est beaucoup plus difficile de soutenir une personne confrontée à un défi invisible. Comment le savoir? Comment quelqu’un peut-il en parler en toute sécurité? Avec le temps, j’ai appris certaines choses qui font la différence, et voici cinq points que j’aimerais que davantage de collègues comprennent.
1. Vous ne pouvez pas toujours le voir
Les signes d’une maladie mentale ne sont pas toujours très visibles. Un collègue peut sembler aller bien en apparence, tout en souffrant profondément à l’intérieur. La première étape pour faire preuve d’empathie et apporter un soutien significatif consiste à comprendre que les difficultés peuvent être invisibles.
2. L’empathie consiste à faire de la place.
C’est facile de demander « Comment vas-tu? », mais pour écouter la réponse, il faut être présent. L’empathie, ce n’est pas soigner quelqu’un ou jouer le rôle d’un thérapeute, mais plutôt créer un espace où règne l’honnêteté. Les personnes souffrant d’une maladie mentale peuvent parfois ne pas aller bien, tout comme d’autres peuvent aller très bien. En acceptant ces deux réalités, on favorise l’établissement de relations authentiques.
3. Une personne est plus que son diagnostic
Soutenir quelqu’un, c’est voir la personne dans son ensemble, pas seulement sa maladie. Beaucoup de gens vivent leur rétablissement en jonglant entre les bons et les mauvais jours, sans cacher leurs expériences. En reconnaissant qu’un diagnostic ne définit pas une personne, on peut briser le stéréotype selon lequel les personnes aux prises avec une maladie mentale souffrent en permanence.
4. Les mots (et le silence) ont de l’importance
Le langage façonne la culture. Les blagues ou les commentaires désobligeants sur le fait d’être « fou » ou de « perdre la boule » peuvent sembler anodins, mais ils renforcent la stigmatisation. Le silence peut également envoyer un message puissant, laissant entendre que la santé mentale n’est pas un sujet sûr à aborder. L’utilisation d’un langage réfléchi et respectueux, tout en faisant preuve d’ouverture, crée un environnement dans lequel les collègues se sentent considérés et soutenus.
5. En parler ne suffit pas à le faire apparaître
Il existe un mythe selon lequel le fait de parler de santé mentale peut en quelque sorte la « déclencher », comme si répéter un nom pouvait invoquer un monstre. La dépression, ce n’est pas comme dans le film Beetlejuice. Elle n’apparaît pas simplement parce que vous prononcez le mot (peu importe le nombre de fois!). Au contraire, en parler permet de dissiper la stigmatisation qui l’entoure, de lui ôter son pouvoir et de permettre aux gens d’en parler plus librement. Les conversations honnêtes réduisent l’isolement, favorisent le soutien et rappellent à tous que la santé mentale fait partie de l’être humain — ce n’est pas quelque chose à craindre ou à éviter.
Je vous fais part de ces réflexions en sachant très bien que je n’ai pas toutes les réponses. J’ai commis des erreurs, je me suis laissé guider par des suppositions et j’ai parfois renforcé involontairement la stigmatisation. Mais plus nous faisons preuve d’empathie, de compréhension et d’humilité, plus nous renforçons notre milieu de travail et nos relations. Il ne s’agit pas d’être parfait, mais d’essayer, d’apprendre et de s’améliorer un peu plus chaque jour.