L’urgence des questions de santé mentale dans le secteur des métiers
Le secteur de la construction et des métiers est confronté à certains des risques les plus élevés en matière de santé mentale.
Selon Statistique Canada, 33 % des hommes travaillant dans le secteur de la construction font état d’une mauvaise santé mentale. De plus, 64 % des travailleurs de la construction souhaiteraient que les personnes qui les embauchent en fassent davantage pour soutenir les initiatives en matière de santé mentale.
De longues heures de travail, un travail physiquement exigeant et une stigmatisation culturelle autour de la vulnérabilité sont autant de facteurs qui contribuent à ces risques. Pendant des années, la santé mentale est restée dans l’ombre, éclipsée par les préoccupations liées à la santé physique et à la sécurité.
Toutefois, un changement radical des priorités s’est opéré ces dernières années, en partie grâce aux efforts d’organismes tels que l’Association pour la santé et la sécurité dans les infrastructures (IHSA). Consciente des problèmes de santé mentale propres aux gens de métier, l’IHSA s’est associée à Changer les mentalités pour mettre au point L’Esprit au travail pour les gens de métier, une version personnalisée du réputé programme de formation en santé mentale, spécialement conçue pour répondre aux besoins de ce secteur.
« On peut parler de maux et de douleurs, mais on ne partage pas toujours ses sentiments, et c’est probablement ça le plus grand obstacle : la stigmatisation », explique Kathy Martin, spécialiste de la recherche et de la santé mentale au sein de l’IHSA.
Une approche avant-gardiste
La décision de l’IHSA de s’associer à Changer les mentalités a été motivée par son engagement à fournir des solutions concrètes au secteur des métiers. Kathy Martin se souvient de la motivation initiale :
« Il y a de nombreuses raisons pour lesquelles l’IHSA a voulu s’associer à la Commission de la santé mentale et personnaliser le programme déjà en place. Je pense que pour nous, il était vraiment bénéfique de travailler avec une organisation qui jouisse d’une crédibilité dans ce domaine, ce qui est évidemment le cas de la Commission de la santé mentale. »
Ce qui distingue cette collaboration des autres, c’est la volonté de l’IHSA de personnaliser l’initiative en fonction des besoins du secteur.
« Nous savions que pour obtenir les meilleures retombées possibles, il fallait personnaliser le projet et adopter un point de vue sectoriel, explique Michelle Roberts, vice-présidente des relations avec les intervenant·e·s. Et c’est de ça dont je suis fière : les volontaires du secteur qui ont voulu partager leur histoire auront vraiment une incidence durable sur l’avenir du secteur ».
Cette approche personnalisée a permis au programme de trouver un écho auprès des participant·e·s. Le volet narratif comprenait six vidéos mettant en scène de véritables gens de métier issus de différents secteurs d’activité, notamment les transports, les services d’électricité et la construction. Ces gens ont collaboré en partageant leurs luttes et leur cheminement vers le rétablissement. Ces récits concrets ont permis de faire tomber les barrières et de favoriser une véritable mobilisation.
« Ce programme change la donne, et il ne fait que commencer, déclare Charles Boyer, gestionnaire des solutions pour la clientèle au sein de l’équipe de Changer les mentalités. « La collaboration avec l’IHSA a produit un cours qui a été conçu par les gens de métier, pour les gens de métier, et les réactions sont phénoménales… »
L’excellence des prestations : Perspectives des animateur·rice·s
Le succès du programme ne tient pas seulement à son contenu, mais aussi à sa prestation. Des animateur·rice·s comme Derek Baranowski, formateur principal de Changer les mentalités et pompier depuis 25 ans au sein du service d’incendie de Burlington, qui comprennent le travail dans un secteur fortement dominé par les hommes, jouent un rôle crucial dans la création d’un environnement dans lequel les participant·e·s se sentent à l’aise pour aborder les questions de santé mentale.
« Se sentir vulnérable n’est pas un signe de faiblesse », rappelle souvent Derek Baranowski à ses participant·e·s. Animer un cours pour les gens de métier exige une approche nuancée. « Lorsque certaines personnes arrivent en classe, vous pouvez voir à leur langage corporel qu’elles se sentent obligées de participer au cours. Elles viennent pour les beignes et le café. C’est parfait – on en a. Mais dès que nous commençons, nous voyons les gens s’ouvrir. »
L’utilisation de statistiques et de scénarios pertinents pour le secteur est une autre clé du succès de ce programme. « Le fait que les scénarios et les statistiques soient pertinents pour les gens de métier permet de se rendre compte de leur importance dans l’industrie », ajoute-t-il. Cette approche ciblée permet aux participant·e·s de constater la pertinence des discussions sur la santé mentale dans leur propre vie.
L’espoir en l’avenir
Depuis le lancement de L’Esprit au travail pour les gens de métier, la réponse du secteur a été extrêmement positive. Les entreprises commencent à considérer la santé mentale comme faisant partie intégrante de la sécurité en milieu de travail.
Michelle Roberts évoque ainsi la transformation : « C’est un homme qui me ressemble et auquel je peux m’identifier. Son parcours pourrait être le même que le mien, alors peut-être que je devrais écouter, non? ».
Pour l’IHSA, ce programme n’est qu’un début. « Le programme L’Esprit au travail pour les gens de métier n’est qu’une toute petite pièce d’un très grand puzzle que j’essaie d’assembler », nous dit Kathy Martin. « L’espoir renaît simplement en discutant avec les gens—ils veulent tellement avoir ces conversations dans leur milieu de travail, et ce qu’on entend souvent, c’est qu’il était temps. »
La dynamique se poursuit
À mesure que L’Esprit au travail pour les gens de métier continue à prendre son essor, l’IHSA et Changer les mentalités s’engagent à en étendre la portée. À chaque fois qu’un cours est donné, ce programme a des effets concrets, une conversation à la fois.
Le secteur des métiers a fait un pas en avant audacieux, en prouvant qu’un changement significatif est possible lorsque des programmes novateurs répondent aux besoins de la main-d’œuvre. Pour les entreprises du secteur des métiers, le message est clair : Il est temps d’investir dans la santé mentale.
Source : ‘Planting a seed’ of support critical to mental health in construction [en anglais seulement]