En tant que professionnels des ressources humaines et chefs d’équipe, nous avons l’habitude de répondre aux besoins de notre effectif. Nous avons mis en place des systèmes pour assurer l’intégration, le rendement, le perfectionnement et la sécurité. Mais il existe un domaine où les cadres traditionnels peinent encore à rattraper la réalité du travail moderne : la santé mentale. Plus particulièrement les premiers soins en santé mentale.
Il est facile de l’imaginer dans un contexte concret : un moment dans le couloir, une conversation discrète après une réunion, un geste de soutien en passant devant le bureau d’un collègue. Nous associons instinctivement les premiers soins en santé mentale à des interactions en personne. Mais c’est une façon de penser restrictive. Dans les environnements hybrides et virtuels d’aujourd’hui, le besoin de premiers soins en santé mentale n’a pas disparu. Au contraire, il est devenu plus crucial et plus complexe.
Pourquoi? Parce que le travail virtuel peut nous permettre de dissimuler plus facilement notre détresse.
À distance, nous perdons beaucoup de petits signaux qui nous indiquent qu’une personne ne va pas bien. Le ton de la voix, le langage corporel, le niveau d’énergie sont plus difficiles à percevoir par vidéo ou par clavardage. Et sans échanges informels ou conversations dans les couloirs, il y a moins d’occasions de remarquer les changements subtils dans le comportement.
De plus, de nombreux employés portent un « masque » pour cacher leur détresse émotionnelle derrière une façade de bien-être. Le port d’un tel masque n’est pas nouveau, mais le travail à distance donne aux gens davantage de moyens pour le faire. Ils peuvent éteindre leur caméra, rendre flou leur arrière-plan, taper « Je vais bien » dans le salon de clavardage, puis se déconnecter pour gérer seuls ce qui les préoccupe.
C’est là que les premiers soins en santé mentale font la différence.
Ils enseignent des stratégies pratiques reposant sur des données probantes pour reconnaître quand une personne est en difficulté et comment lui offrir un soutien en toute sécurité. Il ne s’agit pas de devenir thérapeute. Il s’agit de développer la confiance nécessaire pour tendre la main, la vigilance pour remarquer des changements subtils et les compétences pour créer des espaces sûrs et bienveillants, que ce soit dans une salle de réunion, lors d’un appel individuel ou même dans un fil de discussion.
Et surtout, les premiers soins en santé mentale sont efficaces dans les environnements virtuels et hybrides. Les outils peuvent changer, mais l’objectif fondamental, à savoir les relations humaines, reste le même.
Comme le résume cette phrase : « Dans les équipes virtuelles, les gens ne rencontrent pas moins de difficultés, mais il est plus difficile de les percevoir. Les premiers soins en santé mentale nous aident à voir ce qui n’est pas dit et à apporter un soutien à ce qui est caché. »
Il est également temps de revoir le sens des responsabilités que nous assumons en tant que dirigeants. Lorsque nous travaillons dans le même immeuble, notre sentiment de responsabilité mutuelle est souvent plus fort. Après tout, nous partageons le même espace : les mêmes ascenseurs, les mêmes salles de réunion, les mêmes cuisines. Il y a une impression naturelle qui se dégage : « Je suis là, je te vois ».
Mais la distance ne doit pas affaiblir notre devoir de bienveillance.
La proximité ne détermine pas la responsabilité. Ce sont les valeurs qui le font.
Nous avons le devoir, non seulement en tant que dirigeants, mais aussi en tant que collègues et êtres humains, d’être présents les uns pour les autres, peu importe où et comment nous travaillons. Cette responsabilité fait partie du contrat social qui nous lie au sein de nos équipes et de nos cultures. Elle ne disparaît pas lorsque la webcam s’éteint.
Nous devons évoluer au même rythme que nos effectifs. Cela signifie apprendre à voir et à réagir différemment. Cela signifie fournir aux dirigeants et aux équipes les outils nécessaires pour être proactifs en matière de santé mentale, en particulier lorsque les anciens signaux ne sont plus visibles.
Les environnements virtuels créent davantage d’endroits où la stigmatisation peut se cacher. Davantage de recoins. Davantage de filtres. Davantage de façons pour les gens de dire discrètement « je vais bien » alors que ce n’est pas du tout le cas. Les premiers soins en santé mentale nous aident à lutter contre cela, avec intention, compassion et des mesures concrètes.
C’est l’occasion pour nous de diriger autrement.
De créer des équipes qui sont non seulement productives, mais aussi psychologiquement sûres. De veiller à ce que notre culture virtuelle ne donne pas aux gens l’impression d’être invisibles. De concevoir un lieu de travail où l’attention est la norme, et non l’exception.
Les premiers soins en santé mentale font partie de cet avenir. N’attendons pas que quelqu’un demande de l’aide. Assurons-nous d’être prêts lorsqu’il en aura besoin.