Le programme Premiers soins en santé mentale pour la communauté des vétérans (PSSM-CV), mis sur pied par la Commission de la santé mentale du Canada et Anciens Combattants Canada, s’attaque aux problèmes de santé mentale auxquels sont confrontés les anciens combattants canadiens et leurs familles. En dotant les familles et les collectivités d’outils pratiques, le programme renforce les réseaux de soutien et permet aux anciens combattants de se sentir compris et soutenus dans leur cheminement vers le mieux-être.
Points forts de l’étude de cas :
Début de la formation PSSM-CV : 4 juillet 2014
Cours de PSSM-CV organisés: 33
Personnes formées: 456
Environ un vétéran canadien sur cinq a vécu des problèmes de santé mentale comme la dépression, les troubles anxieux et le trouble de stress post-traumatique (TSPT) au cours de sa vie1.
Beaucoup de vétérans vivant avec ces problèmes ne cherchent pas d’aide parce qu’ils craignent d’être jugés2.
Louise Bradley, ancienne présidente et directrice générale de la Commission de la santé mentale du Canada, a proposé à Julian Fantino, alors ministre des Anciens Combattants (ACC), une formation spéciale en santé mentale pour les vétérans le 4 juillet 2014. Cette formation, appelée Premiers soins en santé mentale pour la communauté des vétérans (PSSM-CV), est conçue pour les vétérans, leur famille, les professionnel·le·s de la santé et les membres de la communauté. Elle aide les gens à comprendre et à soutenir les vétérans vivant avec un problème de santé mentale. Tout comme les premiers soins physiques, les premiers soins en santé mentale offrent un soutien à une personne qui vit une crise de santé mentale jusqu’à ce qu’elle puisse, si nécessaire, accéder à des services de santé mentale dans sa communauté. Le programme a été élaboré grâce au financement du ministère des Anciens Combattants et à la contribution des vétérans, des organisations pour vétérans et Anciens Combattants Canada. Le programme a eu des répercussions positives, de nombreuses personnes ayant manifesté le désir d’y participer.
Steve Walsh, entrepreneur de la Commission et infirmier autorisé au Programme de santé mentale communautaire du Centre Royal Ottawa, qui travaille avec les vétérans, a vu de ses propres yeux comment certains vétérans se sentent oubliés et finissent par se retrouver dans des refuges ou des maisons de chambres. « Au fil des ans, j’ai rencontré de nombreux vétérans dans des refuges, des maisons de chambres et des endroits où ils ont été en quelque sorte oubliés », explique-t-il.
En tant que maître-formateur pour le cours Premiers soins en santé mentale – Communauté des vétérans (PSSM-CV), il vise à aider les vétérans qui vivent avec des problèmes de santé mentale et de dépendance. Son objectif est d’améliorer notre capacité collective à reconnaître et à aider les problèmes et les troubles de santé mentale, ainsi que les dépendances, en aidant les vétérans à appliquer des pratiques fondées sur des données probantes dans la prestation de services, en milieu de travail et dans les interactions personnelles.
Steve Walsh souligne que, dans le passé, la santé mentale dans l’armée faisait l’objet d’une grande honte. Elle était considérée comme une faiblesse susceptible de nuire à la carrière et aux relations. Steve Walsh estime qu’il faut changer cette attitude et apporter davantage de soutien aux vétérans et à leur famille. « Plusieurs de ces vétérans et de membres de leur famille ont servi à une époque où, si vous parliez de santé mentale, cela pouvait être considéré comme un défaut de caractère, une faiblesse, cela pouvait compromettre une promotion et vous risquiez d’être ostracisé et isolé de l’endroit où vous vous trouviez et de votre communauté », explique Steve Walsh.
Les vétérans sont plus susceptibles de dire qu’ils vivent un problème de santé mentale que les membres actuels des Forces armées canadiennes3
Mariah McKillop, du Programme pour les familles des vétérans, souligne l’importance d’informer les familles des militaires et des vétérans sur la santé mentale afin de réduire les préjugés. « Réduire la stigmatisation qui entoure la santé mentale permet de créer des conversations ouvertes et encourage à demander de l’aide sans craindre d’être jugé », explique Mariah McKillop.
Ghada Makhlouf du ministère des Anciens Combattants souligne la nécessité d’apporter un soutien rapide aux vétérans afin qu’ils reçoivent un traitement adéquat pour leur bien-être. « Il est également important que la famille, les ami·e·s et les prestataires de services reconnaissent les symptômes des troubles de santé mentale et interviennent en cas de besoin », a-t-elle ajouté.
Anciens Combattants Canada a pour mission de soutenir les vétérans et leur famille et de rendre hommage aux réalisations et aux sacrifices des personnes qui ont servi le Canada. Pour en savoir plus sur le mandat du ministère des Anciens Combattants, consultez son site Web.
L’incidence de la formation en santé mentale
Louise Anderson, coordonnatrice du Programme pour les familles des vétérans au Centre de ressources pour les familles des militaires de Petawawa, témoigne des répercussions profondes de cette initiative : « L’impact a été énorme. Les gens étaient si intéressés qu’il n’y avait plus de places disponibles. ».
La formation aide les gens à comprendre que les comportements liés à des problèmes de santé mentale peuvent être mal interprétés, alors qu’il s’agit souvent de symptômes d’une blessure de stress opérationnel. Elle apprend à réagir avec compréhension et compassion. Ce langage commun permet d’améliorer la communication et le soutien. Les aptitudes acquises peuvent être utilisées non seulement pour aider les vétérans, mais aussi dans des situations quotidiennes à la maison ou avec les enfants.
Steve Walsh, animateur de PSSM-CV, a trouvé le cours révélateur. Il a réuni des personnes issues de milieux et d’antécédents différents, favorisant la compréhension et fournissant des outils pour aider les personnes dans le besoin.
« Pendant la séance, mon mari et moi avons écouté et appris sur les différents problèmes de santé mentale. À un moment donné, je me souviens que mon mari a regardé son manuel/guide de ressources et qu’il a lu chaque page. Tout en lisant, il n’arrêtait pas de dire « C’est moi… encore moi ». C’est à ce moment-là qu’il a compris que tous ses symptômes étaient liés au syndrome de stress post-traumatique (SSPT).
Nous avons participé à différents types de thérapies et, bien que le parcours du SSPT ne s’achèvera probablement jamais, nous avons enfin l’impression d’avoir des outils pour nous aider à essayer de se dégager du problème. Nous sommes à jamais reconnaissants d’avoir franchi la première étape de notre parcours en suivant le cours de Premiers soins en santé mentale. »
– Participante au cours PSSM Communauté des vétérans
Les résultats des PSSM-CV
Au cours de l’exercice 2022-2023, Maria McKillop, du Programme pour les familles des vétérans, et Claudia Beswick, gestionnaire principale des Services aux familles des militaires, ont organisé 33 cours de Premiers soins en santé mentale à l’intention des vétérans, auxquels 456 personnes ont participé. Après les cours :
- Davantage de personnes se sont senties en confiance pour soutenir une personne vivant avec un problème de santé mentale (de 58,6 % à 70,1 %).
- Davantage de personnes se sont senties en mesure d’aider une personne présentant un risque suicidaire (de 32,6 % à 57,5 %).
- Les participant·e·s ont utilisé leurs nouvelles connaissances et ressources pour s’aider eux-mêmes, aider leur famille, leurs ami·e·s, leurs client·e·s et la communauté.
Cela démontre que les cours ont aidé les participant·e·s à se sentir mieux préparé·e·s pour aider d’autres personnes vivant avec des problèmes de santé mentale.
« Lorsque j’ai suivi le cours et que j’ai fait le volet sur la désescalade, j’ai réalisé que même si j’essayais d’aider mon partenaire, j’aggravais la situation parce que j’agissais ainsi sans m’en rendre compte. Cela m’a beaucoup aidé à le reconnaître. »
– Participant au cours PSSM – Communauté des vétérans
L’avenir de la santé mentale pour les vétérans et leur famille
Une étude réalisée en 20101 a révélé qu’environ 24 % des vétérans relevés de leurs fonctions entre 1998 et 2007 souffraient de troubles de santé mentale tels que le syndrome de stress post-traumatique, la dépression ou l’anxiété. Presque tous avaient également des problèmes de santé physique. « L’objectif consiste maintenant à aider les vétérans et leur famille à bien s’adapter après avoir quitté le service, a expliqué M. Anderson. Nous visons à fournir les outils et le soutien nécessaires à une vie plus saine après le service. Bien que des progrès aient été accomplis, il est encore nécessaire de lutter contre la stigmatisation et d’offrir un soutien précoce en matière de bien-être mental afin d’éviter les crises. »
Plus d’un tiers (36 %) des vétérans ont déclaré avoir eu une transition modérément difficile ou très difficile vers la vie civile2
La transition vers la vie civile après le service militaire peut être difficile pour de nombreux vétérans, plus d’un tiers d’entre eux (36 %) étant amenés à faire face à des défis. Mme Makhlouf évoque ainsi les efforts déployés pour faciliter ce processus : « Une fois que les vétérans sont transférés à Anciens Combattants Canada, leurs traitements et leurs services se poursuivent sans cesse ».
Mme Beswick insiste sur la nécessité de comprendre les besoins spécifiques des vétérans et de leur famille. « Le soutien axé sur la famille reconnaît que les familles ont des besoins différents de ceux des vétérans. Pour répondre à ces différents besoins, il est essentiel de regrouper différents services, tels que le soutien aux familles, l’assistance aux malades ou aux blessés, et l’aide aux civils. »
Le cours Premiers soins en santé mentale – Communauté des vétérans continue à être offert aux vétérans et à leur famille, produisant ainsi des effets durables pour chaque apprenant qui dispose des outils nécessaires pour s’aider lui-même et aider les personnes qui l’entourent.
Pour en savoir plus sur les Premiers soins en santé mentale – Communauté des vétérans, consultez https://changerlesmentalites.org/formation/pssm/veterans/.
Sources
- Mieux comprendre la santé mentale, gouvernement du Canada : https://www.veterans.gc.ca/fr/sante-mentale-et-physique/sante-mentale-et-bien-etre/comprendre-la-sante-mentale
- Enquête de suivi sur la santé mentale auprès des membres des Forces armées canadiennes et des ex-militaires, 2018, Statistique Canada : https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/190423/dq190423d-fra.htm
- Stigma as a barrier to seeking health care among military personnel with mental health problems [en anglais seulement] : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/25595168/